L'essence même du projet SYMERSION réside dans sa capacité à offrir aux spectateurs une expérience visuelle inédite en utilisant des images familières de leur quotidien, qu'il s'agisse de décors urbains ou de paysages. Il s'agit de redécouvrir des itinéraires et des lieux bien connus sous un angle différent, créant ainsi de nouvelles expériences en jouant avec les dimensions du temps, du cadre et du mouvement.

Gilles Deleuze souligne que l'image en mouvement engage le spectateur dans le temps du film en stimulant ses fonctions sensori-motrices. Le spectateur de SYMERSION se trouve plongé dans un univers déroutant où ses repères visuels sont déstabilisés par des effets kaléidoscopiques créés à l'aide d'un logiciel de vjing. Ce dernier, défini par la création ou la manipulation d'images en temps réel, synchronisées avec la musique, altère les images à travers des effets de miroir, créant des formes nouvelles et inconnues, bien que la structure sous-jacente reste compréhensible.

Des édifices massifs de styles architecturaux variés, modernes ou historiques, semblent se métamorphoser en vaisseaux spatiaux étranges, générant des structures improbables et mouvantes qui perturbent le sens de l'orientation du spectateur. Arbres rhizomiques, fractals, rayonnements, reflets et éléments urbains démultipliés s'entremêlent dans une danse hypnotique de pixels, créant une réalité prismatique augmentée, singulière, cyclique et symétrique.

L'utilisation d'un vidéoprojecteur permet la projection d'images sur divers supports, recréant la vue initiale à l'intérieur du véhicule en un triptyque. Les carrés central et latéraux peuvent diffuser la même ou différentes images, offrant ainsi une expérience visuelle dynamique. Le rythme des vidéos varie en fonction de la longueur des boucles, créant des séquences rapides avec de nombreux plans courts ou des rythmes plus lents avec des plans plus longs.

En conclusion, SYMERSION offre la possibilité de redécouvrir la beauté de nos environnements sous un nouvel angle, transformant notre quotidien en un road-movie hallucinatoire où les formes se désunissent, s'imbriquent, s'interpénètrent et s'engouffrent dans un jeu stroboscopique sans fin, déployant son voyage initial à travers Paris et ses environs.